• Les dindons, c'est nous les enseignants et nous sommes en train de nous faire enfumer par notre ministre. 

    Le collectif des dindons est apparu il y a quelques semaines à l'initiative de personnes discutant sur le forum EDP. 

    Jusqu'à présent, je suivais de façon épisodique leur publications mais là un texte me fait réagir. Il s'agit d'un texte écrit par une personne qui ne fait pas partie du collectif et qui a a été publié sur Facebook.

    Ce texte est simple et direct... et criant de vérité. Ça en même à pleurer.

    Je vous le cite en intégralité :

    Cher Monsieur Peillon,

    L’illettrisme ? C’est ma faute. Ma méthode de lecture était sans doute trop globale. J’assume 
    Le décrochage scolaire ? C’est ma faute. Je ne suis pas capable d’intéresser mes élèves et rendre l’école attrayante. J’assume. 
    La délinquance juvénile ? C’est ma faute. Je n’insiste pas suffisamment sur l’Instruction civique et morale.J’assume. 
    L’obésité ? C’est ma faute. A cause du biscuit à la récré. J’assume. 
    Les caries ? C’est ma faute. Je devrais fournir le matériel nécessaire à mes élèves afin qu’ils puissent se brosser les dents sur le temps de classe. J’assume. 
    Théo a 12 ans et porte encore des baskets à scratch ? C’est ma faute. J’aurais dû lui apprendre à faire ses lacets. J’assume. 
    Arthur s’est fait renverser par une voiture ? C’est ma faute. Je ne lui ai pas fait passer son permis piéton.J’assume. 
    Zoé ne connait ni ses tables de multiplication, ni sa poésie, ni Jules César, ni Vercingétorix, ni les départements français, ni…. Encore ma faute. J’aurais dû lui faire apprendre ses leçons pendant qu’elle se brossait les dents d’une main et nouait ses lacets de l’autre, avant de traverser la rue en courant pour éliminer les calories du biscuit que je l’avais forcée à ingurgiter à 10 heures ! Bref, j’assume tout. 
    Même la crise économique. Il faut bien avouer que l’Etat me paie grassement pour finir mes journées à 16 h 30 et passer le plus clair de mon temps en vacances… 
    Et j’allais oublier la sécurité de l’emploi… 

    Alors vous avez raison, Monsieur le Ministre. Il est grand temps de réformer tout ça. Le changement, c’est maintenant ! 
    Vous avez enfin dévoilé votre plan pour une grande Refondation de l’École. Grandiose ! Magnifique ! Courageux ! Audacieux ! 
    Mes collègues et moi-même sommes enfin investis d’une véritable mission d’intérêt général : supporter et soulager tous les maux de notre société. Alors, méprisez-nous, insultez-nous, frappez-nous, instrumentalisez les familles au nom du bien être et de l’avenir de leurs enfants… 
    C’est tout ce que nous méritons ! En plus, une fédération de parents d’élèves se gausse et certains de nos syndicats applaudissent. Franchement, vous auriez tort de vous en priver. 
    Toutefois, bien qu’irresponsable, paresseuse, incompétente et quelque peu limitée intellectuellement comparée aux cols blancs de la rue de Grenelle, j’ose vous dire, Monsieur le Ministre, que votre projet est une hérésie voire même une involution. 

    Bon nombre d’enseignants ne veulent pas de votre semaine de 4 jours et demi. Quel salarié accepterait de travailler plus pour gagner moins ? Le précédent gouvernement en a rêvé, vous l’avez fait ! 

    Vous brandissez l’étendard des rythmes de l’enfant. Il est en effet d’une logique implacable qu’ils seront moins fatigués en travaillant une demi-journée supplémentaire. Vous êtes le Ministre de l’Éducation nationale et vous ne vous adressez qu’aux enseignants. Pourquoi n’expliqueriez-vous pas à moult parents qu’il est déraisonnable de coucher son enfant à 23h ?... 

    La journée d’école écourtée, bonne idée ! Expliquez à nos concitoyens que leurs impôts vont financer l’accueil périscolaire (par ailleurs totalement inégalitaire sur le territoire) et que leurs frais de garde vont augmenter. Je suis sûre qu’ils apprécieront! Les maires qui doivent supporter le coût de votre réforme aussi ! 

    Savez-vous que le mercredi est une journée de coupure nécessaire à la santé mentale des enseignants qui gèrent une trentaine d’enfants chaque jour ?! Ignorez-vous que nous consacrons déjà la majeure partie de notre mercredi à l’école (formation, corrections, préparations…) ? Savez-vous que beaucoup de parents apprécient de travailler à 80 % pour passer le mercredi avec leurs enfants ? Ah oui ! Suis-je bête ! C’est vrai qu’ils sont mieux à l’école que chez eux … 

    Pensez-vous sérieusement qu’en supprimant les devoirs vous lutterez contre les inégalités sociales ? Venez dans nos classes et montrez-nous comment faire apprendre une leçon à 30 élèves en même temps ! Les parents investis continueront le suivi de leur enfant à la maison. Pour les autres, vous cautionnez leur manque d’intérêt pour l’école et les encouragez à se déresponsabiliser encore un peu plus. Les enseignants ne sont pas omnipotents et ne pourront jamais se substituer aux familles ! Leur faire croire le contraire est un mensonge éhonté et dangereux ! Dans notre métier, le temps consacré à l’éducation tend déjà à prendre le pas sur celui consacré à l’instruction (tant pis pour l’orthographe, Vercingétorix et Jules César !). Il est donc grand temps de redéfinir les missions de chacun ! 

    Après les MDPH, les PPRE, les PPMS, les DUERP nouvelle révolution : vous tentez de nous enfumer avec les PET ! Jamais un sigle n’aura aussi bien porté son nom ! 

    Et les enfants dans tout ça ? On continue de les asphyxier sous le poids de programmes surchargés et inadaptés. A quand un vrai retour aux fondamentaux ? On continue de les accabler sous le poids d’évaluations toujours plus normatives et dévorantes. Quand va-t-on leur rendre le temps d’apprendre ? On continue le bricolage avec les élèves en difficulté. Quid des RASED dans votre réforme. A quand une véritable égalité sur le territoire des prises en charge en orthophonie, psychomotricité, psychothérapie…. ? (Jusqu’à un an d’attente dans le Cher !) On continue d’intégrer les enfants handicapés dans des classes surchargées avec, dans le meilleur des cas, la présence d’AVS sous-payés, plein de bonne volonté mais pas formés ! La négligence confine parfois à la maltraitance ! Et les collégiens qui décrochent ? On continue de briser des talents sous prétexte qu’on a raté sa vie si on ne finit pas col blanc ? Pas de manuels, pas de pâtissiers, pas de boulangers, pas de plombiers... Au nom de l’égalité, tous bacheliers ! Et tant pis pour ceux qui craquent avant : ils ne pourront plus être orientés à temps !
    Je pourrais continuer ainsi bien longtemps. 
    Vous l’aurez compris, Monsieur le Ministre, il va falloir réviser votre copie ! 
    Les enseignants ne sont pas hostiles à toute réforme. Au contraire, nous voulons redresser notre école. 

    La refondation doit se faire avec nous. Nous sommes les premiers acteurs du système éducatif. Qui peut prétendre mieux le connaître que nous ? Nous débordons d’idées, de suggestions alors écoutez-nous ! 
    Je n’appartiens plus à aucun syndicat, je ne suis membre d’aucun parti politique, mes propos ne feront sans doute pas l’unanimité, c’est pourquoi je vous invite à consulter les blogs sur le sujet. Vous constaterez alors qu’il y a au moins deux points sur lesquels nous sommes tous d’accord : votre projet en l’état actuel des choses est inacceptable (aussi bien pour les élèves que leurs enseignants) et nous ne nous laisserons pas déplumer ! 

    J’appelle maintenant les deux premiers syndicats enseignants de France à ne plus rester sourds aux glouglous de leur base. 
    J’appelle tous les enseignants dépités, découragés, résignés à rester en colère. 
    J’appelle tous les parents qui veulent pour leurs enfants une école publique, républicaine et laïque digne de ce nom à nous rejoindre. 
    J’appelle tous les maires de France qui refusent d’assumer le poids de cette réforme à faire entendre leur voix. 

    J’appelle tous ceux qui se considèrent comme les dindons de cette farce à la mobilisation ! 

    Soyons la nouvelle grippe aviaire de cet hiver ! 

    Zaz Malaussène du 18 
    NB : Mes propos n’engagent que moi et en aucun cas la responsabilité du collectif des dindons.

    Pour en savoir plus sur les dindons, c'est ici :

    Le blog : http://paroleauxdindons.canalblog.com/
    La page Facebook : https://www.facebook...oleintelligente
    Le compte twitter : https://twitter.com/collectifdindon
    Et bien sûr la pétition : http://www.petitions...ectifdesdindons


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  • Voici comment un profs de lycée a grugé ses élèves qui recopiaient leurs devoirs sur internet.

    L'auteur donne une conclusion qui m'interpelle : "
    Et je défends ce paradoxe : on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lu."

    Voici la mienne : Le numérique étant partout et si facilement accessible qu'il est difficilement contournable. Peut-être serait-il temps de revoir notre façon d'enseigner et surtout de former les esprits de demain ?

     

    Comment j'ai pourri le web
    (Publié sur La vie moderne.net, Écrit par Loys)

    Petite expérience amusante sur l'usage du numérique en lettres

    Préambule

    Pendant ma première année au lycée, j’ai donné à mes élèves de Première une dissertation à faire à la maison. Avec les vacances scolaires les élèves avaient presque un mois pour la rédiger : c’était leur première dissertation de l’année.

    Plus tard, en corrigeant chez moi, je me suis aperçu que des expressions syntaxiquement obscures étaient répétées à l’identique dans plusieurs copies. En les recherchant sur Google, j’ai trouvé des corrigés sur un sujet de dissertation voisin vendus à 1,95€. Interloqué, j’ai immédiatement arrêté de corriger les copies, ne sachant plus à quoi ou à qui j’avais affaire et ayant l’impression de travailler dans le vide.

    Plus tard, la même année, j’ai donné sur table à une de mes classes un commentaire composé, sur un passage d’une œuvre classique. Je n’ai pas particulièrement surveillé l’épreuve, le commentaire composé étant, comme la dissertation ou le sujet d’invention, un bon exemple d’exercice on ne peut plus personnel, où copier sur le voisin n’a absolument aucun sens. En corrigeant chez moi les copies, j’ai constaté, dans une copie, des choses étranges : des termes ou des expressions qu’un élève de Première n’emploierait pas, une introduction catastrophique mais un développement convenable. En tapant une des expressions sur Google, j’ai réalisé que l’élève avait utilisé son smartphone pendant le cours et recopié le premier corrigé venu sur Google en tâchant maladroitement de le maquiller. En rendant les copies j’ai tenu un discours sévère à la classe sans indiquer qui avait triché. Après le cours, l’élève concerné, en pleurs, a reconnu les faits.

    J’ai donc décidé de mener une petite expérience pédagogique l’année suivante : j'ai pourri le web !

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  • Le ras-le-bol est général dans l'Éducation Nationale. Plus encore que nos conditions de travail difficiles, le manque de moyens matériels et de personnels, des dossiers à remplir à la pelle, la dégradation de la fonction, un salaire médiocre, c'est l'appauvrissement de notre institution qui est  le plus dificile à suporter.

    La grève est un moyen d'action dont les résultats sont limités : les élèves sont privés d'enseignement, les parents sont mécontents et surtout l'État se frotte les mains car il fait des économies (oui, les enseignants ne sont pas payés quand ils font grève).

    Alors des collègues du secondaire ont eu une initiative : un calendrier. Rien de sensuel ni d'érotique, nu, dépouillée,  minimaliste et un peu sinistre à l'image de notre institution (clic sur l'image pour accéder au calendrier).

    Un calendrier qui fait grincer les dents du ministre

    Ben, ça plait pas à not'e ministre ! Ça le défrise peut-être ? Ou alors il se prépare pour les nouvelles eval de CM2, parcequ'il a raté celles de l'année dernière : Vidéo sur youtube.

    Ah ! J'oubliais, l'interview du ministre qui est super choqué de voir des enseignants nus est ici. J'espère qu'après l'interview, les journalistes lui ont caché la pub, avec tous ces gens dénudés dedans ! A moins que ce qui le gêne vraiment, c'est plutôt qu'en écornant l'image de l'éducation Nationale on s'attaque la sienne ?

    Merci à Défine, pour l'info sur le calendrier.

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    Trouvé sur légifrance (lien direct : clic)

    Devoir de réserve

     

    L'obligation de réserve oblige les fonctionnaires à exprimer leurs opinions de façon prudente et mesurée, de manière à ce que l'extériorisation de leurs opinions, notamment politiques, soit conforme aux intérêts du service public et à la dignité des fonctions occupées. Le devoir ou l'obligation de réserve impose une attitude, un comportement général de modération.

    Le devoir de réserve imposée aux agents de l'Etat résulte d'un nécessaire équilibre entre la liberté d'expression reconnue à tout citoyen et les exigences du service public.
    Le fonctionnaire, se voit reconnaître une liberté d'expression et une certaine indépendance. Mais, son statut d'agent de l'Etat l'oblige à une certaine réserve dans l'exercice de cette liberté, comme le rappelle la jurisprudence administrative.

    L'article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen édicte que " la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par Loi ".

    La liberté d’expression : une liberté fondamentale

    La liberté d'expression est une liberté fondamentale reconnue par l'ensemble des conventions internationales de protection des droits de l'Homme :

    La liberté d'expression peut donc être définie comme le droit d'exprimer librement sa pensée. Elle est le prolongement naturel de la liberté d'opinion. L'article 6 de la loi du 13 juillet 1983 garantit d'ailleurs "la liberté d'opinion au fonctionnaire".

    Le devoir de réserve : une ingérence légitimée sous conditions

    - l'ingérence doit être prévue par la loi ;
    - elle doit être dirigée vers un ou des buts légitimes
    - elle doit être nécessaire dans une société démocratique.

    Domaine du droit de réserve

    Au sens strict, le devoir de réserve ne concerne que les opinions émises en dehors de l'exercice des fonctions. Il est issu du principe de neutralité politique, religieuse et commerciale du service public. Mais quelquefois (par abus ou facilité de langage) la jurisprudence et la doctrine utilisent cette notion pour désigner, plus largement, le respect dû par le fonctionnaire aux obligations de neutralité, de discrétion, d'obéissance hiérarchique.

    Plus le niveau hiérarchique du fonctionnaire est élevé, plus son obligation de réserve est sévère.
    Un mandat syndical peut, par contre, justifier des critiques plus vives. (CE 18 juin 1956 ," Boddaert ", Rec. p.213).

    Date de publication : 16/01/2008 14:35   

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